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Page:Cherbuliez - Le comte Kostia (7e édition).djvu/82

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LE COMTE KOSTIA

« Ivan ! s'écria Stéphane en se tordant les bras, ôte cet homme de mon chemin ! »

Ivan secoua de nouveau la tête.

« Je ne veux pas faire de mal au jeune Français, répondit-il ; il a l'air bon et il aime les enfants. »

Le visage de Stéphane fut bouleversé par le désespoir. Ses lèvres tremblaient. Il regardait tour à tour d'un œil sinistre Ivan et Gilbert. Enfin il se dit à lui-même d'une voix étouffée :

« Malheur sur moi! Je suis faible comme un vermisseau, et ma faiblesse n'est pas respectée! »

Puis, baissant la tête, il s'approcha de son cheval, se remit en selle et traversa lentement le taillis.

Quand il eut regagné la route, regardant fixement Gilbert :

« Monsieur le secrétaire, lui dit-il, mon père cite souvent ce diplomate qui disait que tous les hommes sont à vendre, qu'il s'agit seulement de faire le prix. Malheureusement je ne suis pas assez riche pour vous acheter : vous valez beaucoup plus d'un thaler; mais permettez-moi de vous donner un bon conseil. En rentrant au château, répétez au comte Kostia certains propos que j'ai laissé échapper devant vous aujourd'hui. Il vous en saura un gré infini. Peut-être vous nommera-t-il son espion en titre, et sans se faire prier, il doublera vos appointements. Le métier le plus profitable, c'est de brûler des chandelles au diable. Vous y ferez merveilles aussi bien qu'un autre ! »

Sur quoi, ayant salué Gilbert, il s'éloigna au grand trot.

« Le diable ! le diable ! il ne parle que du diable! » se disait Gilbert en s'acheminant vers le château. Et