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TEMPLE SAINT-JEAN.

rigueurs de la ligne droite et les exigences de la petite voirie.

N’allez pas croire pourtant, — et, votre plan à la main, vous en conviendrez avec nous, — qu’il fallût absolument, comme aucuns le prétendent à mal, comprendre le vieux temple entre deux parallèles bâties qui auraient réuni la rue Bourbon-Orléans au Pont-Neuf ; non.

Des convenances plus ou moins convenables avaient rendu nécessaire une rue tortueuse quand même, sans doute afin de ne pas renoncer à la louable coutume en vigueur de temps immémorial dans notre bonne ville, ainsi que vous pouvez juger vous-même, ami lecteur, d’après les échantillons qui sont passés sous vos… pas. Tel est l’exposé vrai du fait qui sert, bien à tort, vous le voyez, de texte aux déclamations rectilignes des antiquaires.

Et cependant, un jour, s’il eût dépendu d’un maire de Poitiers que ce vieux reste du passé pût disparaître, il en serait de lui, aujourd’hui, comme de l’amphithéâtre : il ne serait plus.

Nous n’oublierons jamais ni l’irritation inexplicable du chef de la cité, le jour où, par-devant M. le préfet de la Vienne, — c’était alors M. d’Imbert de Mazères, — se plaidait, fort placidement de notre part, la question de vie ou de mort du doyen des monuments religieux de la catholique France, ni cette menace étrange : « Nous verrons bien, Monsieur, qui de nous deux l’emportera. »

Ce qui faillit l’emporter ce furent — et nous le consignons ici comme un fait à garder — ce furent les roues des charretiers avinés, qui durent à une surveillance singulièrement endormie, de pouvoir, sans répression, briser, en passant, les bornes protectrices que nous avions fort prudemment fait poser à l’angle le plus menacé du monument, que nous dûmes faire replacer de nouveau, et puis encore après, en les reliant entre elles par des armatures en fer.

Inutile de raconter comment ensuite, dans les pre-