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PALAIS ÉPISCOPAL.

est aujourd’hui un magasin. La paroisse comptait 500 communiants.

A l’angle de cette rue de Saint-Savin et de la rue de Saint-Pierre, ne voyez-vous pas quelques statues grossières, encore debout dans la maçonnerie d’une sorte de grange ? C’était là l’église de Saint-Luc, mentionnée dans une bulle du Pape Gélase II donnée à Marseille, le 23 octobre 1119, en faveur de l’abbaye de Nouaillé, près de Poitiers, à laquelle cette église appartenait. Elle avait été fondée pour recevoir douze pauvres. C’est tout ce qu’en dit Dufour, et nous ne nous y arrêterons pas plus que lui.

Palais Épiscopal. — Voici la place de Saint-Pierre. À droite, l’ex-hôtel de la Préfecture, est redevenu, depuis 1870, le Palais épiscopal.

Après la tourmente révolutionnaire, il y eut un moment où il fallut loger le chef de l’administration départementale, et on l’installa tout bonnement dans l’antique demeure des évêques. L’évêque, à son tour, dut se caser où il put.

On raconte à ce sujet une anecdote que nous ne croyons pas indigne d’être conservée.

Napoléon Ier, de passage à Poitiers, fut reçu tout naturellement à la préfecture. Or, après une exhibition officielle de ses brillants fonctionnaires, au moment où l’évêque allait se retirer — c’était alors Mgr de Pradt, Ier aumônier de Sa Majesté, et il occupait non loin de là un très-modeste logis : « Monsieur l’Evêque, où demeurez-vous ? » lui dit l’empereur. — « En face de chez moi, Sire. »

Quel mot sérieux sous l’envelope légère d’une repartie qui pouvait paraître, et qui n’était peut-être, dans la bouche du prélat courtisan, qu’une réponse spirituelle !

Aujourd’hui, le successeur de Mgr de Pradt est enfin rentré chez lui, et, grâce à un échange entre l’État et le Département, le Palais épiscopal a été rendu à ses hôtes légitimes. C’est une trace de moins de ces spoliations