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MIGNÉ.

mention particulière, car il a dû à un fait mémorable, qui eut un grand retentissement dans le monde religieux, une célébrité que n’ont pas encore oubliée les cœurs chrétiens. Nous voulons parler de l’apparition merveilleuse d’une croix dans les airs, le 17 décembre 1826.

C’était au jour de la clôture des exercices du jubilé, vers cinq heures du soir ; au moment où le prédicateur, placé au pied de la croix de bois qui venait d’être scellée en terre, rappelait la croix lumineuse apparue à Constantin marchant contre Maxence, les spectateurs aperçurent une immense croix de lumière étendue à cent pieds au-dessus de leurs têtes, sur un ciel sans nuages ; elle était couchée horizontalement de l’orient à l’occident, le pied correspondant à l’occident. Ses proportions étaient celles d’une croix latine régulière ; ses contours étaient nets, ses côtés taillés à arêtes vives. À la vue, elle paraissait longue de quatre-vingts pieds ; sa couleur, sans nom, se rapprochait du blanc argentin légèrement teinté de rose.

Cette apparition dura environ une demi-heure et ne cessa pas subitement. La tige principale se fondit peu à peu dans l’espace, à commencer par le pied, puis les quatre branches égales formèrent une croix grecque, et le tout s’effaça complètement.

Il y avait là 3 000 spectateurs, dont plusieurs existent encore et redisent, avec une unanimité qui n’a jamais varié depuis le premier jour, les détails merveilleux dont ils furent les témoins.

L’autorité ecclésiastique les fit constater par une commission composée d’hommes éminents, parmi lesquels on comptait le professeur de physique du collége royal de Poitiers, qui appartenait à la religion protestante, et qui proclama, tout le premier, que la science ne pouvait pas seule expliquer un fait qu’elle n’avait pu produire. Les incrédules tentèrent ce que la véritable science n’essaya pas, et aboutirent aux hypothèses les plus niaises et aux conclusions les plus ridicules, le tout pour justifier la thèse favorite: « Il n’y a point eu miracle. »