Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/107

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paroles du Président n’étaient pas dénuées de sens, elles signifiaient que Syme était, tout au moins, soupçonné. Peut-être Dimanche n’avait-il pas la certitude de pouvoir le démasquer, comme il avait fait de Gogol, mais il se méfiait !

Les quatre autres finirent par s’en aller, à la recherche de leur lunch, car il était plus de midi. Le professeur gagna la porte très lentement, très péniblement.

Syme resta longtemps seul, à méditer sur son étrange situation. Il avait échappé au premier coup de tonnerre, mais le nuage pesait encore sur lui. Enfin, il sortit et gagna Leicester Square.

La température s’était refroidie. Syme éprouva quelque ennui à voir tomber des flocons de neige. Il avait toujours la canne à épée et le reste des bagages de Gregory, mais sa pèlerine était restée il ne savait où, dans le bateau peut-être, ou sur le balcon. Espérant que la rafale ne durerait pas, il se réfugia sous l’auvent d’une petite boutique de coiffeur, dont la vitrine ne contenait qu’une maladive figure de femme en cire, décolletée.

Pourtant, la neige tombait de plus en plus dense. Syme, agacé par le sourire fade de la figurine, se retourna vers la rue et regarda les pavés blanchir. Il ne fut pas peu surpris de voir un homme arrêté devant la vitrine et qui se tenait là, immobile, comme hypnotisé par l’insupportable statuette. Son chapeau était blanc comme celui du