Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/158

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très brave. L’issue serait, pour nous, bien douteuse. Il faut, c’est le seul moyen qui m’apparaisse, nous prévaloir précisément des avantages du marquis. Je compte me servir de sa réputation d’aristocrate et de ce fait qu’il a beaucoup d’amis et qu’il fréquente la meilleure société.

— Que diable nous chantez-vous là ? demanda le professeur.

— La famille des Syme remonte au xive siècle, dit Syme. Nous avons même une tradition d’après laquelle un Syme suivit Bruce à Bannockburn. Depuis 1350, notre arbre généalogique est des mieux établis.

— Il radote, murmura le petit docteur.

— Nous portons, continua Syme, très calme d’argent avec un chevron de gueule, chargé de trois croisillons. La devise varie selon les branches.

Le professeur saisit brutalement Syme par le gilet.

— Écoutez, dit-il, nous voici au port. Avez-vous le mal de mer, ou faites-vous de l’esprit hors de propos ?

— Les renseignements que je vous donne, répondit Syme sans se laisser déconcerter, ont un intérêt si pratique que cela en est presque douloureux. La maison de Saint-Eustache, elle aussi, est très ancienne. Le marquis est un gentilhomme, il n’en pourrait disconvenir. Il ne saurait, de son côté, nier que j’en sois un. Afin de mettre ma position sociale hors de conteste, je vais lui faire tomber