Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/167

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Et rapidement il les mit en relation avec les témoins du marquis. En cette occasion, Wilks et Bull s’entendirent désigner par des noms fort aristocratiques qu’ils ne se connaissaient pas jusqu’alors.

Syme était sujet à de singulières attaques de bon sens, qui semblaient démentir les traits ordinaires de son caractère. Comme il l’avait dit à propos des lunettes du docteur Bull, c’étaient des intuitions poétiques ; cela allait, parfois, jusqu’à l’exaltation prophétique.

Il avait bien calculé, dans le cas présent, la tactique de son adversaire.

Quand il fut informé par ses témoins que Syme entendait se battre le lendemain seulement, le marquis dut se rendre trop aisément compte du retard que pouvait lui causer cette conjoncture imprévue. Lui serait-il possible de jeter sa bombe, à Paris, en temps utile ? Bien entendu, il ne pouvait s’ouvrir de cette inquiétude à ses amis. Il prit donc le parti que Syme avait prévu. Il demanda que le terrain fût choisi tout près de la ligne du chemin de fer, et il se promit que le premier engagement serait fatal à Syme.

Il arriva au champ d’honneur sans se hâter, froid et calme. Nul n’eût pu se douter qu’il songeât à prendre le train. Il avait les mains dans ses poches, son chapeau de paille relevé sur le front, ses nobles traits bronzés par le soleil.

Pourtant outre ses deux témoins, dont l’un