Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/169

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mait le colonel Ducroix, aborda le professeur de Worms et le docteur Bull en les saluant avec beaucoup de politesse, et proposa que le duel fût au premier sang. Mais le docteur Bull, qui avait reçu de Syme, sur ce point, les instructions les plus formelles, insista au contraire, avec beaucoup de dignité, et en très mauvais français, pour que le duel continuât jusqu’à ce que l’un des deux adversaires fût hors de combat. L’important était de faire traîner les choses en longueur. Syme se promettait deux choses : il éviterait de mettre le marquis hors de combat, il empêcherait le marquis de le mettre hors de combat pendant vingt minutes au moins : alors le train de Paris aurait passé.

— Pour un homme de la valeur bien connue du marquis de Saint-Eustache, la méthode et l’issue du combat doivent être fort indifférentes, dit le professeur, solennellement. Notre client a de bonnes et solides raisons pour exiger une rencontre sérieuse, une rencontre de longue durée, raisons dont la nature extrêmement délicate ne me permet pas d’être plus explicite, mais raisons honorables, si justes, que je…

— Peste ! s’écria le marquis, dont le visage s’était soudainement assombri. Trêve de paroles, et commençons !

Et d’un coup de sa canne il décapita une fleur à la longue tige.

Syme, à cette manifestation d’une impatience dont il savait le motif, se demanda si le train était