Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui, dit le docteur Bull résolument, et il partira sans vous. Nous savons assez pour quelle besogne infernale…

Le mystérieux marquis fit un geste désespéré.

C’était un étrange épouvantail que cet homme gesticulant au grand soleil, avec la moitié de la figure pelée comme une orange et l’autre moitié qui grimaçait dans une crispation douloureuse.

— Vous allez me rendre fou ! gémissait-il. Le train…

— Vous ne partirez pas par ce train ! affirma Syme, furieux.

Et il serrait son épée.

Le marquis tourna vers Syme sa face indescriptible. Il semblait rassembler toutes ses énergies, en vue de quelque effort sublime.

— Grand, gras, louche, stupide et bruyant imbécile ! Écervelé ! Abandonné de Dieu ! Chancelant et damné imbécile ! proféra-t-il tout d’une haleine. Stupide navet ! Tête de pipe ! Tête de…

— Vous ne partirez pas par ce train ! répéta Syme.

— Et pourquoi, par le feu de l’enfer ! rugissait l’autre, pourquoi ne prendrais-je pas ce train ?

— Nous savons tout. Vous voulez jeter votre bombe à Paris, dit le professeur, sévèrement.

— Je veux jeter un jabberwick à Jéricho ! vociféra l’autre en s’arrachant les cheveux, ce qui d’ailleurs ne lui coûtait pas grand effort. Faut-il que vous soyez tous fêlés du cerveau pour ne pas