Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/179

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deviner qui je suis ! Pensez-vous sérieusement que je tienne beaucoup à prendre ce train ? Il peut bien m’en passer vingt sous le nez ! Au diable le train de Paris !

— Mais alors, dit le professeur, que craigniez-vous donc si fort ?

— Ce que je craignais ? Ce n’était pas de ne pouvoir prendre ce train, c’était d’être pris par lui. Et voilà qu’il me prend !

— J’ai le regret de vous informer, dit Syme, en faisant effort pour se maîtriser, que vos explications ne rencontrent pas mon intelligence. Peut-être verrais-je plus clair dans votre pensée, si vous consentiez à vous défaire des derniers débris de votre front et de votre menton postiches. La lucidité mentale a parfois de si mystérieuses exigences ! Vous dites que le train vous a pris. Qu’entendez-vous par là ? Car je suis convaincu — peut-être n’est-ce chez moi qu’une fantaisie professionnelle d’homme de lettres — que cela doit avoir un sens.

— Cela signifie tout, dit l’autre, ou plutôt la fin de tout. Cela signifie que, maintenant, Dimanche nous tient dans le creux de sa main.

Nous ! répéta le professeur au comble de la stupéfaction, qui, nous ?

— Mais, nous tous ! la police ! dit le marquis en achevant d’arracher son scalp et la moitié de sa figure.

Alors apparut une tête blonde, aux cheveux