Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et rampante pouvait apparaître d’un moment à l’autre, j’ai bien peur qu’on ne nous laisse pas le temps de faire des visites…

— La maison du docteur Renard n’est qu’à trois minutes d’ici, dit le colonel.

— Et le danger n’est pas à deux minutes, dit Bull.

— Oui, dit Syme, en faisant diligence nous les laisserons en arrière, puisqu’ils sont à pied.

— Je vous répète, insista le colonel, que mon ami a une automobile.

— Êtes-vous sûr qu’il nous la donne ? demanda Bull.

— Mais oui ! Il est avec nous.

— Silence ! fit tout à coup Syme. Quel est ce bruit ?

Pendant une seconde, ils se tinrent immobiles, comme des statues équestres, et, pendant une, deux, trois secondes, la terre et le ciel aussi parurent s’immobiliser : et sur la route ils entendirent tous ce bruit cadencé, répété, indescriptible mais qu’il est impossible de méconnaître, le bruit que font des chevaux au trot.

La figure du colonel s’altéra instantanément comme si un éclair l’avait frappé sans l’endommager.

— Ils nous tiennent ! dit-il.

Et après un instant, sur le ton d’une ironie militaire :

— À vos rangs pour recevoir la cavalerie !