Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/202

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— Où diable ont-ils pu trouver des chevaux ? murmura Syme tout en faisant, machinalement, cabrer sa monture. Le colonel eut un moment de silence, puis d’une voix altérée :

— Je suis absolument sûr, dit-il, comme je vous l’ai déjà dit, qu’à vingt lieues à la ronde il est impossible de s’en procurer ailleurs qu’au Soleil d’Or.

— Non ! s’écria Syme violemment, non ! je ne puis croire qu’il ait fait cela, cet honnête homme, avec ses cheveux blancs !

— Peut-être a-t-il eu la main forcée, dit le colonel doucement… Ils sont cent, au moins… Si vous m’en croyez, au galop chez mon ami Renard qui a une auto !

Et, sans attendre de réponse, il piqua des deux et tourna un coin de rue. De toute la vitesse de leurs bêtes, les autres avaient peine à suivre la queue de son cheval.

Le docteur Renard habitait une haute et confortable maison, au point le plus élevé d’une rue montueuse, de sorte qu’en descendant à sa porte, les cavaliers purent apercevoir une fois de plus, dominant tous les toits de la ville, le vert sommet de la colline et la route blanche qui en dévalait. Ils respirèrent en constatant que la route était libre et ils tirèrent la sonnette.

Le docteur Renard était un homme de santé florissante, à la barbe brune, un remarquable exemplaire de cette espèce ancienne de médecins