Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/223

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qui ont préservé la légende du feu. Tout, la rue où vous passez, l’habit que vous portez, tout a été fait comme l’a été cette lanterne, par une négation de votre philosophie de rat et de poussière. Vous ne pouvez rien édifier. Vous ne savez que détruire. Détruisez donc l’humanité, détruisez le monde. Que cela vous suffise ! Vous ne détruirez pas cette vieille lanterne chrétienne ! Elle ira là où votre empire de singes n’aura jamais la malice de la trouver !

Il frappa de la lanterne le secrétaire, qui chancela sous le coup, puis, la faisant tournoyer par deux fois au-dessus de sa tête, il la précipita au loin dans la mer, où elle jeta une dernière lueur comme une fusée et s’engloutit.

— Des épées ! clama Syme en tournant sa face enflammée vers ses trois compagnons : chargeons ces chiens ! L’heure de mourir a sonné !

Les trois compagnons venaient, l’épée au poing. Syme était désarmé ; mais, terrassant un pêcheur, il lui arracha des mains un gourdin, et les quatre détectives allaient s’élancer sur la foule et périr — quand il se fit dans l’action un brusque arrêt.

Depuis que Syme avait parlé, le secrétaire était resté là, comme ébloui, la tête dans ses mains. Tout à coup, il arracha son masque.

Ainsi exposée à la lueur des réverbères, cette pâle figure révélait moins de rage que d’étonnement.

— Il y a erreur, dit-il. Monsieur Syme, je doute