Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/238

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consent pas à l’enlèvement !… Et, par le tonnerre ! le voici !

Pas de doute possible, en effet. À deux cents pas de là, à travers la pelouse, toute une foule bruyante et gesticulante à ses talons, un énorme éléphant gris passait à grandes enjambées, le corps aussi rigide que la carène d’un vaisseau, et barrissant comme la trompette du Jugement. Sur le dos de l’animal, le Président Dimanche siégeait, plus calme que le sultan sur son trône. Au moyen de quelque objet tranchant, il aiguillonnait sa monture, et la poussait méthodiquement à une furieuse allure.

— Arrêtez-le ! criait la foule. Il va sortir du Jardin !

— Arrêtez le déserteur ! vociféra le gardien. Il est sorti du Jardin !

Trop tard ! Un écroulement définitif et de furieuses clameurs annoncèrent que le grand éléphant gris venait de se faire un passage à travers les grilles du Jardin Zoologique : il filait maintenant par Albany Street, tel un omnibus d’une vitesse et d’un genre inédits.

— Grand Dieu ! fit Bull, je n’aurais jamais cru qu’un éléphant pût courir si vite ! Il va falloir prendre encore des cabs si nous ne voulons pas perdre notre homme de vue.

Tout en se précipitant vers la grille que l’éléphant venait de franchir, Syme eut une vision éblouie des singuliers animaux prisonniers dans