Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/246

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semble bien que cela confonde toute l’histoire. Mais — peu m’importe qu’on le sache — j’ai toujours eu de la sympathie pour lui, malgré sa méchanceté. Comment expliquer cela ? Il me semble qu’il est un enfant, un grand enfant ! Remarquez que cette sympathie ne m’a pas empêché de le combattre comme l’enfer. Serai-je plus clair en disant que je l’aime d’être si gros ?

— Vous ne serez pas plus clair du tout, déclara le secrétaire.

— Ah ! voici : je l’aime d’être à la fois si gros et si léger, tout comme ce ballon. Il est naturel qu’un gros homme soit lourd. Celui-là danserait plus légèrement qu’un sylphe. Oui, je vois maintenant ce qu’il faut dire : une force moyenne se manifeste par la violence ; une force suprême se manifeste par la légèreté. Vous rappelez-vous ces questions qu’on aimait à discuter, jadis, comme : « Qu’arriverait-il si un éléphant sautait en l’air comme une sauterelle ? »

— Notre éléphant, dit Syme en levant les yeux, a précisément sauté en l’air comme une sauterelle.

— Et voilà pourquoi, conclut Bull, je ne puis m’empêcher d’aimer ce vieux Dimanche. Ce n’est pas que j’aie une admiration pour la force ou quelque autre sottise de ce genre. Il y a, dans tout cela, je ne sais quelle gaîté supérieure. C’est comme s’il devait nous apporter d’heureuses nouvelles… N’avez-vous pas eu un sentiment de ce genre, par une matinée de printemps ? La nature se plaît à