Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/256

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long bâton, pareil à un sceptre. Il était vêtu d’un beau vêtement aux formes surannées, avec des culottes à jarretières. La couleur hésitait entre le gris, le violet et le bleu, nuance composite qu’on observe souvent dans certaines ombres de la forêt. Ses cheveux étaient gris-blanc, et quand on les considérait en même temps que ses culottes à boucles, ils paraissaient poudrés.

Il marchait très lentement et, n’eût été la neige argentée de son front, on eût pu le confondre avec les ombres des arbres.

— Messieurs, dit-il, une voiture de mon maître vous attend sur la route, tout près d’ici.

— Qui est votre maître ? demanda Syme sans bouger.

— On m’avait dit que vous saviez son nom, dit l’autre, respectueusement.

Il se fit un silence, puis le secrétaire demanda :

— Où est cette voiture ?

— Elle est sur la route, depuis quelques instants seulement, répondit l’étranger. Mon maître vient de rentrer chez lui.

Syme regarda à droite et à gauche ce bout de champ vert où il se tenait. Les haies étaient des haies ordinaires, les arbres n’avaient rien d’extraordinaire, et pourtant il avait l’impression d’être prisonnier dans l’empire des fées.

Il examina de haut en bas le mystérieux ambassadeur, mais tout ce qu’il découvrit fut que l’habit du personnage avait la couleur violette des arbres