Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/260

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écorchures que lui avaient faites les branches des arbres, avec ses cheveux blonds hérissés pareils à de l’herbe flétrie, et ses vêtements déchirés flottaient en longues banderoles.

Il se demanda alors comment il était arrivé dans ce château et comment il en sortirait.

En cet instant même, un valet habillé de bleu, attaché à sa personne, entra et lui dit avec solennité :

— J’ai préparé les habits de Monsieur.

— Les habits de Monsieur ! répéta Syme sardonique ; je n’en ai pas d’autres que ceux-ci !

Et il relevait du bout de ses doigts les festons de sa redingote en esquissant un pas de cavalier seul.

— Mon maître, reprit le valet, vous fait dire qu’il y a bal travesti ce soir, et qu’il vous prie de revêtir les habits préparés pour vous. En attendant, il y a là du faisan froid et une bouteille de bourgogne que Monsieur voudra bien accepter, car le souper n’aura lieu que dans quelques heures.

— Le faisan froid, dit Syme songeur, est une bonne chose, le bourgogne est une chose excellente. Mais, vraiment, je suis beaucoup moins pressé de manger et de boire que de savoir ce que signifie tout ceci et de voir le costume qui m’est destiné. Où est ce costume ?

Le valet prit sur une ottomane une longue draperie bleu paon, assez semblable à un domino ; sur le devant brillait un grand soleil d’or, et de-ci de-là étaient semés des étoiles et des croissants.