Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme si, derrière lui, les cieux s’étaient ouverts. C’était simplement Dimanche qui avait passé en silence, comme une ombre, et pris possession du trône central. Il était simplement drapé d’un blanc pur et terrible et ses cheveux faisaient sur son front des flammes d’argent.

Longtemps — des heures — le grand ballet de l’humanité défila et dansa devant eux, aux sons d’une musique entraînante et joyeuse. Chaque couple de danseurs avait comme la signification d’un conte. C’était une fée qui dansait avec une boîte aux lettres, une jeune paysanne avec la lune… Et c’était à la fois absurde comme le conte d’Alice au Pays des merveilles, et grave et touchant comme une histoire d’amour.

Peu à peu la foule se dispersa. Les couples se perdirent dans les allées du jardin ou se dirigèrent vers les communs, où l’on voyait fumer de grandes cuves pleines d’un mélange bouillant et parfumé de vin vieux et de bière vénérable.

Sur le toit de la maison, isolé par une estrade en fer, un gigantesque feu de joie grondait dans un pot à feu, illuminant la campagne à plusieurs milles à la ronde. Sur les vastes forêts brunes et grises, il jetait les reflets attendris du foyer domestique et semblait porter de la chaleur jusque dans les régions désertes de la nuit supérieure.

Mais ce feu de joie aussi peu à peu s’éteignit ; les couples vagues se pressèrent de plus en plus étroitement autour des grands chaudrons ou,