déplorons tous la mort du travailleur héroïque qui occupait encore ce poste la semaine dernière. Vous savez qu’il a rendu à la cause des services considérables. C’est lui qui organisa le grand coup de dynamite de Brighton : en des circonstances plus favorables, ce beau coup eût détruit toutes les personnes qui se trouvaient alors sur la jetée. Sa mort, vous le savez aussi, ne fut pas moins altruiste que sa vie. Il est le martyr de sa foi en une mixture hygiénique de chaux et d’eau qu’il substituait au lait, estimant que la consommation de cette boisson barbare est un attentat cruel contre les vaches. La cruauté, tout ce qui de près ou de loin ressemble à la cruauté, indigna toujours cet homme excellent. Mais nous ne sommes pas ici pour louer ses vertus ; notre tâche est plus difficile. Il serait malaisé de proportionner l’éloge à ses mérites ; il l’est bien plus encore de lui trouver un successeur digne de lui. C’est à vous, camarades, qu’il appartient de désigner, parmi les membres de cette assemblée, le nouveau Jeudi. Si quelqu’un prononce un nom, je le soumettrai au vote. Si aucun n’est proposé, il me restera à déclarer que ce cher dynamiteur a emporté dans les abîmes de l’inconnaissable le secret de la vertu et de l’innocence.
Il y eut un mouvement discret, des applaudissements à peine perceptibles, comme il s’en produit parfois à l’église. Puis, un grand vieillard à longue barbe blanche, peut-être le seul véritable ouvrier