Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/63

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— Dieu bon ! s’écria Syme, voilà l’enseignement qu’on donne dans les écoles ! Est-ce là ce qu’on appelle l’éducation non confessionnelle et égale pour tous ?

— Non, fit tristement le policeman, je n’ai pas eu le bénéfice d’une telle éducation. Les Boardschools sont venues après moi. L’éducation que j’ai reçue fut très sommaire, et maintenant elle serait très démodée, je le crains.

— Où l’avez-vous reçue ? demanda Syme étonné.

— Oh ! dit le policeman, à Harrow.

Les sympathies de classe qui, pour fausses qu’elles soient, sont pourtant chez bien des gens ce qu’il y a de moins faux, éclatèrent dans Syme avant qu’il pût les maîtriser.

— Seigneur ! Mais vous ne devriez pas être dans la police.

Le policeman secoua la tête et soupira :

— Je sais, dit-il solennellement, je ne suis pas digne.

— Mais pourquoi y être entré ? interrogea Syme assez indiscrètement.

— À peu près pour la même raison qui vous la fait calomnier. J’ai reconnu qu’il y a dans cette organisation des emplois pour ceux dont les inquiétudes touchant l’humanité visent les aberrations du raisonnement scientifique plutôt que les éruptions normales et, malgré leurs excès, excusables, des passions humaines. Je crois être clair.