surtout ceux des pauvres types qui travaillent à certaines teintures et couleurs : ce sont d’atroces poisons et pestes, tout simplement. Ils n’ont presque pas de syndicats qui vaillent la peine d’en parler, et leurs heures de travail sont beaucoup trop longues.
— C’est la longueur du travail qui épuise le plus, convint Murrel. Personne n’a assez de loisirs ni de plaisirs en ce monde, n’est-ce pas, Bill ?
Braintree était peut-être secrètement assez flatté que son ami l’appelât toujours Jack, mais il lui était impossible de comprendre par quel excès d’intimité il se mettait à l’appeler Bill. Il était sur le point de lui en faire l’observation quand un grognement sorti de l’obscurité, devant lui, lui rappela soudain quelqu’un dont il avait complètement oublié l’existence. William était le prénom du cocher de l’omnibus ; Murrel avait coutume de le lui donner. Le grognement d’assentiment du nommé Bill suffit pour indiquer qu’il était entièrement d’accord que les heures de travail du prolétariat étaient beaucoup trop longues.
— Cependant tout va bien pour vous, Bill ; vous êtes un veinard, surtout ce soir. Le vieux Charles prend le service au Dragon, n’est-ce pas ?
— Ben oui, dit le cocher d’un ton lent et méprisant, il vient au Dragon, mais…
— Nous voilà arrivés, dit Murrel, je suppose qu’il faut y entrer et en tirer le vieux Charles.
Dans le but philanthropique d’activer le service des voitures publiques, Murrel parut se précipiter du sommet de l’omnibus. Il tomba néanmoins sur ses pieds, étant descendu en faisant le saut périlleux. Il se fraya ensuite un chemin dans le bar bruyant et illuminé du Dragon Vert, d’un mouvement si résolu