Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/76

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j’étais enfant, il y avait un certain Hendry, dans Haymarket, qui en vendait ; mais aucun marchand de couleurs n’a plus ce beau rouge du XIVe siècle.

— En ce qui me concerne, j’ai promené du rouge par toute la ville ces dernières heures, dit modestement Murrel, mais je suppose que ce n’était pas un beau rouge du XIVe, tout au plus un rouge du XXe, pareil à la cravate de Braintree. Je lui ai dit sur le moment que sa cravate pourrait bien mettre le feu à la ville.

— Braintree ! dit Olive assez sèchement, M. Braintree était-il avec vous quand… quand vous promeniez du rouge ?

— Je ne peux pas dire qu’il fût ce qu’on appelle un joyeux compagnon, dit Murrel en s’excusant. Ces révolutionnaires rouges semblent avoir bien peu d’expérience pour affronter le vin rouge. À propos, est-ce que je ne pourrais pas partir en chasse sur cette piste, dites-moi ? Supposez que je vous rapporte un assortiment de Portos, quelques douzaines de Bourgognes, autant de Bordeaux, des flacons de Chianti, quelques fûts de précieux vins d’Espagne, et d’autres encore ? Mélanger les vins comme les couleurs aboutirait peut-être…

— Que faisait là M. Braintree ? demanda Olive avec quelque sévérité.

— Il faisait son éducation. Il suivait une classe, exécutant ce programme que votre propre enthousiasme pédagogique a élaboré pour lui. Vous avez dit qu’il fallait l’introduire dans un monde plus étendu et lui faire écouter des discussions sur des sujets tout nouveaux pour lui. La discussion que nous avons entendue au Cochon qui siffle était certainement toute nouvelle pour lui.

— Vous savez parfaitement bien que je n’ai ja-