Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/79

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Blondel débordait de loyauté envers son Roi, de dévouement envers son pays, et du désir de ramener celui-là à celui-ci. Il désirait restaurer le Roi pour rétablir l’ordre dans le royaume et déjouer les intrigues de Jean, ce criminel universel et nécessaire dont on a tant abusé dans les récits sur les Croisades.

Le dénouement n’était pas un mauvais morceau pour un drame d’amateur. Quand Blondel le Troubadour a enfin découvert le château qui contient son maître, et a réuni (non sans invraisemblance) toute une troupe de courtisans, de dames, de hérauts, dans les profondeurs d’une forêt d’Autriche, aux portes d’un donjon, pour accueillir le royal captif de leurs loyales acclamations, alors le Roi Richard sort au son des trompettes, occupe le centre de la scène, et là, devant toute cette cour itinérante, avec une attitude des plus royales, abdique son trône royal.

Il déclare que désormais il ne veut plus être un Roi, mais seulement un Chevalier errant. Il avait déjà, semble-t-il, suffisamment erré, en plus d’un sens, avant ses malheurs, mais il n’était pas encore guéri de sa conviction qu’errer est le propre de l’homme. Il errait dans les forêts de l’Europe centrale, rencontrant sur sa route diverses aventures, quand il tomba dans la mésaventure finale de la captivité autrichienne. Il proclame maintenant que, malgré leur conclusion, ces détours insensés ont été les heures les plus heureuses de sa vie. Il dénonce, il flétrit la perversité des autres souverains de son temps et la conduite répugnante des affaires politiques en général.

Miss Ashley possédait un vrai talent pour pasticher les vers les plus ronflants de l’époque d’Élisabeth. Richard exprime donc sa préférence pour la société des reptiles plutôt que pour celle de Philippe-Auguste,