Page:Chesterton - The Defendant, 1904.djvu/20

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UNE DÉFENSE DES ROMANS À SENSATION


L’un des exemples les plus étranges du degré de sous-estimation de la vie ordinaire est l’exemple de la littérature populaire, dont nous qualifions d’un air satisfait la masse immense de vulgaire. Le petit roman du jeune garçon peut être ignorant en un sens littéraire, ce qui équivaut seulement à dire qu’un roman moderne est ignorant au sens chimique, au sens économique ou au sens astronomique ; mais il n’est pas vulgaire intrinsèquement — il est le centre véritable d’un million d’imaginations flamboyantes.

Dans les siècles précédents, la classe cultivée ignorait la mêlée de la littérature vulgaire. Elle l’ignorait, et donc, à proprement parler, ne la méprisait pas. La simple ignorance et la simple indifférence ne gonflent pas d’orgueil le tempérament. Un homme ne descend pas la rue en tortillant sa moustache avec morgue à la pensée de sa supériorité sur une certaine variété de poissons des profondeurs de l’océan. Les anciens lettrés laissaient tout ce monde souterrain des compositions populaires dans une semblable obscurité.