éclairé qui souhaitait du bien-être à tous ses semblables, et qui signalait justement le débordement relatif de la population comme un des plus grands obstacles aux progrès du bien-être général. Dans quelles proportions, à ce propos, les détracteurs de Malthus n’ont-ils pas fait de la métaphore à leur tour ! Mais la leur dénigrait un homme de bien, et ne rendait service à personne. Elle troublait les idées du vulgaire ; elle empêchait d’entendre un avertissement que la raison et la morale approuvent, à savoir : que les lois et les mœurs doivent combiner leurs efforts pour que le capital se multiplie, dans la société, suivant une progression toujours plus rapide que la population, et que, hors de là, il est impossible de prévenir la misère.
J’espère que vous voyez, dès à présent, à quel point les clameurs qu’on a prodiguées contre le capital sont à côté de la question, et vont même diamétralement à l’encontre du but que poursuivent les partisans de l’amélioration populaire. Si l’on veut dire qu’il faut que le riche soit humain, généreux, charitable ; qu’il doit considérer le pauvre comme son frère devant Dieu, et d’une main affectueuse verser, comme le Samaritain, du baume sur les plaies de ses semblables, rien de mieux. Il est beau de réitérer les appels aux pratiques chrétiennes, pourvu cependant qu’ils se produisent chrétiennement, et que le riche ne soit pas exclu de la chrétienté. Mais comme ce n’est pas l’économie politique qui a mission d’attendrir les âmes, pourquoi trouve-t-on mal qu’elle ne l’entreprenne pas ? Encore un coup, elle laisse respectueusement à la religion, qui est la souveraine des cœurs, et à la philosophie, qui partage avec la religion le soin d’enseigner aux hommes les lois de la morale, à initier les peuples aux devoirs réciproques d’une véritable fraternité. Quant à elle, demeurant à son rang, elle aborde le sujet de l’amélioration populaire par le côté qui lui est assigné, et