lui un changement qui se manifestera glorieusement aux habitants de Selkirk, quand je le leur montrerai comme un des fruits de mon labeur.
— Comment le nomme-t-on ? demanda Mark, dont les doutes n’étaient pas entièrement dissipés.
— Suivant la coutume excentrique de sa race, il s’appelle Wa-wa-be-zo-win, quoiqu’on le connaisse ordinairement sous le nom d’Arc-qui-Plie, contracté en Bande-l’Arc. Il a eu beaucoup de réputation comme guerrier, et parfois encore son esprit impétueux fait explosion.
Chris Carrier tira Morrow par la manche, et lui dit à l’oreille :
— Voilà une bonne fortune, capitaine ; ce gaillard-là est juste ce qu’il vous faut. Si vous pouvez l’emmener dans la caverne, il vous soudera bel et bien, suivant la loi, avec cette fille. Ça la satisfera, voyez-vous, et elle cessera de pleurnicher jour et nuit.
Mark réfléchit : l’idée lui souriait.
— J’y penserai, Chris, répliqua-t-il. Mais il faut que je cause avec ce drôle pour m’assurer de ses intentions.
— Son histoire paraît assez croyable, sauf la conversion de l’Indien, qui n’est pas aussi aisée à avaler, dit Carrier. Comment croire qu’un bomme rouge se soit converti, vous ou moi, peuh ! L’Indien a été créé pour être sauvage et méchant, vous ne pourrez jamais le changer. Eh ! cette coquine elle-même a assez de malice dans les yeux pour un jeune et vigoureux guerrier.
— Bande-l’Arc, dit Morrow, de quelle direction venez-vous ?
Wa-wa-be-zo-win se retourna lentement vers Mark.
— Du soleil levant, répondit-il laconiquement.
— Quelle distance ?
— Cinq jours de marche,
— Il parle bien l’anglais, dit Mark au missionnaire. Vos instructions lui ont fort profité ; je vous en fais mon compliment. Il est probable que j’ai dû entendre parler d’un homme aussi habile que vous, et je vous serais très-obligé de me dire votre nom.
Mark Morrow fixait ses yeux pénétrants sur le visage placide du prêtre, qui répondit :
— Je ne puis me flatter que mon nom ou mes bonnes œuvres, si j’en ai fait, aient dépassé les limites du champ de mes opérations. Je n’ai pas cherché à plaire aux hommes et à acquérir de la célé-