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Page:Chevalier - Les Pieds-Noirs, 1864.djvu/212

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CHAPITRE XXXI

Sylveen et Le Loup dans la caverne.


Nous avons laissé Sylveen Vander au fond de la caverne sous la protection de Le Loup. La révolution soudaine qui s’était opérée dans l’aspect de ses affaires, et la busque transition de l’espérance à la crainte faisaient palpiter son cœur d’émotions si violentes qu’il serait inutile de tenter de les décrire. Le bruit, la confusion, les clameurs, le cliquetis des armes, tout conspirait pour la remplir de terreur. L’obscurité achevait d’affaiblir ses dispositions naturellement énergiques, et de lui changer le caractère. Elle sentait la main de Le Loup qui l’entraînait, et elle obéissait machinalement à ses désirs.

Ils furent bientôt dans la place où Nick Whifflles l’avait quittée naguère. Le feu agonisait encore sur la roche. Apercevant une lampe, Le Loup l’alluma et regarda un instant la petite colonne de fumée qui s’élevait des tisons mourants. Elle montait à la voûte noircie et s’échappait lentement à travers des crevasses ou se répandait dans la caverne. Le jeune Indien secoua la tête et se tourna vers Sylveen, qui le considérait avec une sorte de désespoir apathique.

— Lever-du-soleil, dit-il, il n’était pas écrit que vous vous échapperiez ainsi.

— Hélas, non ! répliqua Sylveen en se tordant les bras.

— Alors il ne faut pas pleurer pour ce qui ne devait pas être, dit froidement Le Loup.