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CHAPITRE XXXIII

Le trappeur et le quaker


— Ami Nick, dit Abram Hammet, toi qui as de si bons yeux, regarde donc un peu vers cette colline, là-bas, et dis-moi si tu n’aperçois pas de la fumée.

— Je vois bien quelque chose, répondit le trappeur ; ça y ressemble, mais ça pourrait bien être la vapeur qui s’élève du lac.

— C’est la vapeur qui s’élève du bois en feu, reprit le quaker, et non celle qui provient de l’eau. Reste ici, homme des trappes, et J’éclaircirai tes doutes aussitôt que possible. En vérité, je le dis, ma curiosité est aussi vite que celle d’une femme et il faut que je la satisfasse.

— Eh ! allez-vous me laisser ? s’écria piteusement Nick. Je ne serais pas assez fort pour me battre, s’il survenait une difficulté pendant votre absence. Si j’avais seulement une petite goutte à prendre ; je pense que ça me tiendrait en haleine.

— En vérité, ami Nick, j’avais oublié que j’ai sous mon froc, un flacon de ton mortel ennemi. Je te le passerai volontiers, pourvu que tu restes dans les bornes de la tempérance, car, pour moi, l’ivrognerie est une abomination et un abus des dons de la Providence. Ah ! ça me fait grand’peine de voir des hommes se vautrer dans l’ébriété comme des vérats dans la fange. Mais le monde est méchant et toute la création s’est souillée de péchés jusqu’à présent. O-h, a-h !