Page:Chevalier - Les Pieds-Noirs, 1864.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 257 —

des deux personnes à la mine civilisée, qui l’accompagnaient, la rassura un peu.

— Oh ! moi, si troublée ; moi pas savoir ce que vous dire, fit-elle.

— On te le fera savoir, répliqua Nick d’un air menaçant. Il faut répondre à ce qu’on va te demander, sans quoi je ne réponds pas de ta peau.

Le trappeur tira son couteau de chasse et commença à l’effiler contre une pierre.

— Seigneur massa ! moi dire tout ce que moi savoir, s’écria Hagar épouvantée. Demandez à moi et moi répondre tout de suite, tout de suite.

— Je ne veux que la vérité, dit Nick, et si tu dis autre chose, ça ne vaudra pas mieux que si tu ne disais rien, oui bien, je le jure, votre serviteur ! Où est le capitaine ?

— Parti lui, parti ! Avoir laissé moi pour garder maison à lui.

— Et tu la gardes joliment bien, par Dieu ! couchée comme une laie en gésine, et grise, je suis sûr ! Oui, nous savons qu’il est parti ; nous voulons savoir où ?

— Oui ! Lui jamais dire à Hagar où lui aller. Moi pas savoir plus là-dessus que votre chien. Ça vrai, bien vrai.

La négresse se remettait vite, et à mesure que ses craintes disparaissaient son rire chronique revenait.

— Quand est-il parti ? continua Nick.

— Parti hier, armes et bagages. Dit à moi d’attendre ici et tenir cet établissement en bon ordre. Pas vouloir rester toute seule ; mais avoir été forcée. Ô Seigneur, massa, oui. Hi ! hi ! hi !

— Où est Bouton-de-Rose ? demanda Nick.

— Pas pouvoir dire ça ; pas savoir de quoi vous parlez, répliqua Hagar, branlant sa tête laineuse comme une personne qui ne comprend pas.

— Tu parles d’une manière ambiguë, dit Hammet avec un léger tiraillement des muscles de la bouche.

Nick lança un regard dédaigneux à Abram et continua son interrogatoire, dont le jeune Kentuckien attendait le résultat avec une impatience qu’il avait peine à déguiser.

— Je veux savoir ce que Mark Morrow a fait de la jeune fille, s’écria Nick. Dis-le-moi sur le champ, ou je te coupe la langue.