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— Ah ! exclama tout à coup Kenneth, en désignant de doigt un individu qui s’avançait vers eux.

— Le capitaine ! grommela Nick entre ses dents.

C’était, en effet, Mark Morrow.

Il portait un élégant costume de chasseur du Nord. Sa barbe, longue et noire, flottait négligemment sur sa poitrine. À la main il tenait une carabine de fort calibre. Des pistolets et un long couteau-bowie pendaient à sa ceinture.

La démarche du capitaine était brève, saccadée.

Il avait les traits légèrement altérés.

À quelque distance de lui, au détour d’un bouquet de pins se montrèrent bientôt Jean Brand et Chris Carrier, les deux hommes avec qui nos lecteurs sont entrés en connaissance au commencement de ce récit.

L’un et l’autre étaient armés.

— Hum ! hum ! je parierais que les coquin mitonnent pour nous quelque maudite petite difficulté, marronna Nick Whiffles.

Et se penchant à l’oreille d’Iverson :

— Tenez, vous voyez ces gaillards-là ; eh bien, si vous m’en croyez, je m’en vas les dépêcher au diable. Ce sera une peine de moins pour le bourreau, oui bien, je le jure, votre…

— Dieu vous en garde ! répliqua vivement Iverson.

— Mais… insista Nick.

— Non ; je dois me battre loyalement ; et quoique je ne m’explique pas la haine de ce Mark contre moi, nous ne devons point…

— Bast ! quand on en débarrasserait la prairie, il n’y aurait pas grand mal, ô Dieu non ! interrompit Nick en glissant un regard sur le canon de sa carabine.

— Je vous le défends, dit Iverson d’un ton sévère.

— Bon, je vous obéirai, mais ça me coûte diantrement, je le jure, oui bien, votre serviteur !

— Arrêtez-vous ici, dit Kenneth.

— Comment !

— Je marcherai seul au-devant de mon adversaire. Nous stipulerons ensemble les termes du duel, et vous vous contenterez d’observer les gens de Morrow.

— Quoi ? vous iriez seul vous mettre à sa discrétion ?

— Oui, c’est convenu.