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CHAPITRE XI

Le Loup


On avait fini de souper ; un à un s’éteignaient les bruits du bivouac. Cependant Kenneth ne dormait pas. Ses yeux étaient attachés sur une petite tente blanche, qui, pour lui, renfermait l’être le plus intéressant qu’il y eût au monde. Que n’aurait-il pas donné pour savoir ce qu’à cette heure Sylveen pensait de lui ? Lui avait-elle pardonné son duel ? Quel moyen prendre pour se rendre agréable à cette singulière fille ?

Absorbé par ces pensées, il oublia la fuite du temps. La nuit devint de plus en plus sombre. Les étoiles, après avoir faiblement scintillé parurent s’éloigner dans l’espace. Puis elles s’évanouirent, et de profondes ténèbres enveloppèrent l’asile de sa bien-aimée. Étendus dans leurs couvertes, les trappeurs rêvaient de leurs fiancées ou de leurs familles. Cependant, Le Loup restait accroupi devant la tente de Sylveen, et, lorsqu’une brise passagère ranimait les feux agonisants, Kenneth pouvait distinguer le jeune Indien qui avait l’air de dormir. Néanmoins, quand toute la brigade parut livrée au repos, Le Loup se leva avec précaution, examina le camp comme pour s’assurer que personne ne l’observait, et détala lestement.

Kenneth l’avait vu. Cette conduite cachait évidemment quelque mauvais dessein. Aussi le jeune homme se demanda-t-il s’il n’éveillerait pas Nick pour lui faire part de ses soupçons. Mais, changeant d’avis, il se détermina à chercher seul et à pénétrer le secret de l’Indien. Pla-