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sèrent. Il se fit un silence solennel, à peine troublé par le frémissement des feuillages au souffle de la brise.

On eût dit que la solitude était complète, dans ces régions incultes et lointaines.

Mais, soudain, une flamme claire, pétillante, jaillit à travers les ténèbres : elle embrasse un étroit horizon. Au même instant, les chants recommencent, et, dans le cercle de feu, on voit, comme sur le rideau d’une lanterne magique, s’agiter des personnages aux proportions effrayantes.

Le regard est attiré et repousse tout à la fois.

Assiste-t-on à une scène de ce monde ou à quelque mystérieuse fantasmagorie telle qu’il ne s’en montre que dans les hallucinations d’un esprit en délire ?

Quoi qu’il en soit, le chant hausse. C’est une sorte d’antienne cadencée, soutenue par l’accompagnement monotone de plusieurs tambourins.

Dans cette musique grave et douce, bien qu’inharmonique, au milieu de cette nuit sombre, sans écho, il y a quelque chose d’indicible qui attriste le cœur et le refroidit.

Si nous étions en Europe, au Moyen Age, je croirais à une lugubre cérémonie religieuse accomplie par des fanatiques. Mais, au fond de l’Amérique septentrionale !…

Examinons d’ailleurs : simple torche en paraissant, la flamme s’est développée ; elle a grandi ; elle s’est élargie ;