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elle a gagné en intensité, et la voici qui s’évanouit : on ne distingue plus que des lueurs rouges, enfouies sous des tourbillons de fumée blanchâtre ; des craquements se font entendre ; une pénétrante senteur de résine sature l’air ; et, subitement, un éclair sillonne les vapeurs, comme la foudre sillonne les nuées, des torrents de lumière se précipitent de toutes parts.

Le tableau se présente à nous mieux accentué qu’en plein jour.

Au premier plan, vers le faite d’une éminence, un bûcher ; sur ce bûcher deux corps humains ; tout à l’entour une bande d’Indiens, sans armes et sans autres habillements que la kalaquarté, ou jupon court en filaments d’écorce de cèdre ; à droite, attaché à un pin, un autre Indien vêtu en trappeur du Nord-Ouest ; sur la gauche une petite troupe de chevaux broutant le gazon, et, par derrière, le Baker dont les flancs abrupts se confondent avec l’obscurité, après avoir dessiné un instant, sous les réverbérations du brasier, leurs crêtes rugueuses, hérissées de pins séculaires.

La plupart des sauvages dansaient, en nasillant leur psalmodie, devant le bûcher ; quelques-uns gesticulaient et se livraient à des contorsions fantastiques ; ceux-ci frappaient avec de petits bâtons sur des co-lu-de-sos, instruments assez semblables à nos tambours de basque, et ceux-là attisaient le feu.

Déjà, de ses langues dévorantes, il ronge le bû-