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Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/136

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Partout, jusque chez les sauvages, il y a de mauvaises langues.

Cependant, si le Serpent-Noir feignait de n’en être point instruit, les Iroquois, n’ayant sans doute pas le même intérêt à se taire, s’indignaient hautement de cette liaison. Ils sont fort susceptibles à pareil égard, et plus d’un blanc qui s’est avisé de galantiser leurs squaws, a payé cher son imprudence.

Ce n’est pas que ni eux ni elles aient des prétentions à la vertu, ô Dieu non ! Hommes et femmes sont débauchés, libertins ; la chasteté ne fait pas leur joie ; mais, — tout abâtardis qu’ils sont physiquement et moralement, — ils ne souffrent pas volontiers que les autres races s’introduisent dans leur bourgade pour y courtiser les Indiennes.

En cela, la jalousie me paraît être le sentiment qui domine les premiers ; car, infiniment moins prudes, les dernières achalandent, sans façon, pour la plupart, leurs charmes équivoques dans les rues de Montréal et dans les localités qui avoisinent Caughnawagha.

Un dicton populaire, un peu trop hardi pour que je l’ose citer, y a même stigmatisé leur incontinence.

La présence de sir William dans la bourgade indienne avait été remarquée plus d’une fois.

Les habitants se fâchèrent. Ils résolurent de jouer à l’officier un tour dont ils sont coutumiers et dont l’effet est de singulièrement refroidir la bravoure des séducteurs.