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Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/157

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Léonie, songeuse, le cœur oppressé, hasardait, de moment en moment, sur Co-lo-mo-o, des regards timides et sympathiques ; le Petit-Aigle, les mains liées sur le dos, semblait indifférent à ce qui l’entourait. Assis derrière lui, Jean échangeait des signes avec les hommes de police, sans avoir l’air de le connaître.

On atteignit ainsi le milieu du Saint-Laurent ; les deux canots marchant de conserve.

Tout à coup le bancal, qui s’était dressé comme pour examiner un objet à distance, perdit son équilibre et tomba sur le Petit-Aigle.

Les policemen partirent d’un éclat de rire.

Le muet se releva lentement, et, comme s’il eût entendu les rieurs, se tourna vers eux avec colère. L’hilarité des agents de la force publique redoubla. Mais alors Co-lo-mo-o et le nain sautèrent dans le fleuve, chacun d’un côté.

— Tirez dessus ! tirez dessus ! commanda le grand-connétable, qui avait vu ce mouvement.

— Oh ! monsieur ! dit Léonie, en lui arrêtant le bras, car le magistrat avait déjà armé un pistolet.

C’était inutile ; Jean-Baptiste et l’Indien, dont le premier avait coupé les entraves, dans sa chute prétendue, s’étaient enfoncés sous l’eau.

— Il faut les poursuivre ! Nous les attraperons ! nous les attraperons ! Dix piastres à celui qui prendra le sauvage ! cria le grand-connétable.