Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 236 —

pour la plupart, se défendent avec leurs mains, avec leurs pieds, avec leurs dents.

C’est une atroce boucherie !

De sa fenêtre, Léonie voit tout. Elle tremble, elle palpite ; elle sent son cœur défaillir ; elle ne respire plus, et elle ne peut, la pauvre enfant, s’arracher au plus effroyable des spectacles.

C’est que, dans la foule des combattants, elle a distingué le Petit-Aigle qui, brandissant un sabre de cavalerie, enlevé à un officier de police, l’assène, à droite, à gauche, en avant, partout, et, aidé de son père, tient encore bon, alors que tout fuit autour d’eux.

Mais il tombe, accablé par le nombre. Les yeux de Léonie se ferment ; elle chancelle et tâche de se cramponner à l’espagnolette pour ne pas tomber aussi.

— Ma fille ! mon enfant ! au secours ! s’écrie madame de Repentigny, oubliant sa faiblesse, thésaurisant un reste de force, et se jetant à bas du lit pour recevoir Léonie dans ses bras.

Et elle s’affaisse à côté d’elle.

On les relève.

— Ah ! j’ai eu bien peur ! merci, ô mon Dieu ! murmure la tendre mère, en embrassant Léonie, qui, un peu remise de son émotion, s’occupe à border le lit.

Le crépuscule se faisait. Un éclair illumina soudain l’appartement.