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Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/56

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wagha. Du vivant de sa belle-mère, la Vipère-Grise, Nar-go-tou-ké n’avait osé se le procurer, car la vieille squaw, fermement attachée aux traditions de ses ancêtres, eût soulevé contre lui la population indienne, sur qui elle exerçait, en sa qualité de medawin ou sorcière, une influence irrésistible.

Mais, depuis qu’elle était morte, au commencement de 1830, Nar-go-tou-ké se livrait, dans la mesure de ses moyens, à son goût pour le confort européen.

Il avait construit sa maisonnette avec une coquetterie bien faite pour piquer davantage la jalousie de Mu-us-lu-lu, qui habitait une cahute en argile de l’aspect le plus misérable.

Dans la salle où devisaient la Poudre et sa femme, on voyait des trophées d’armes indiennes, fixées contre les murailles blanchies à la chaux ; des peaux de bêtes fauves étaient accrochées çà et là ou tapissaient le sol.

Sur un cuir d’orignal passé, apprêté à la pierre ponce, et cloué à deux lances, reparaissait encore le blason du chef iroquois.

Un poêle de fonte, quadrangulaire, à deux étages, haut de cinq pieds, large de deux, ronflait au milieu de la pièce, car le temps était froid encore, quoique le soleil commençât à reverdir les campagnes.

Assis sur un escabeau, une poche remplie de plomb en fusion dans une main, un moule dans l’autre, Nar-go--