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MADAME IDA PFEIFFER

caravane qui se rendait à Tiflis. Les conducteurs étaient Tartares ; elle observa qu’ils n’avaient pas la même frugalité que les Arabes : chaque soir un savoureux pilau, fréquemment garni de pruneaux ou de raisins secs, était préparé pour leur repas. La route de la caravane traversait les fertiles et larges vallées qui s’étendent à la base de l’Ararat ; entre les deux pics de sa plus haute cime existe une petite plaine où l’arche de Noé s’est arrêtée, et où on la trouverait encore,
Un caravansérail.
prétendent les légendes, si on pouvait déblayer la neige sous laquelle elle est ensevelie, et qui ne fond jamais.

Dans le voisinage d’une ville nommée Sidin, Mme Pfeiffer eut une étrange aventure. Elle revenait d’une promenade quand elle entendit le bruit de chevaux de poste et vit passer une voiture découverte où se trouvaient un Russe et un Cosaque armés. La voiture s’arrêta brusquement, et le Cosaque, sautant à terre, la prit par le corps, l’y fit monter de force malgré ses protestations, et repartit au galop ; tout s’était passé si rapidement, qu’elle ne put donner l’alarme à ses compagnons de voyage, qui campaient tout près de là. Bâillonnée, retenue brutalement, la vaillante femme rassembla ses idées,