Page:Chevalier - Madame Th Bentzon.djvu/95

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nos forces[1] ». Mais au premier instant, ce fut un de ces arrachements où les cœurs profonds donnent leur mesure.

« Vous savez », écrit Mme Delzant à une amie commune, « qu’elle est héroïque. Dans la douleur où nous sommes, nous avons conscience d’assister à un spectacle admirable. Elle habite là où habite sa sainte mère. Nous sentons qu’elle n’est plus à nous, que nous devons l’aimer sans espoir de retour, qu’elle ne pense qu’à mourir, que le devoir, le désir d’être digne de la bien-aimée perdue, la retiennent seule au milieu de nous. Je n’oublierai jamais cette femme glacée, les yeux secs et brillants, s’avançant vers moi tête haute et me disant d’une voix saccadée : « Tout est fini pour moi, je suis morte avec elle. Ne me demandez pas de vi-

  1. Lettre à Mlle Bolot d’Ancier.