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Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/104

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Mais quelques Apôtres fondirent sur le brave jeune homme, le renversèrent, avant qu’il eût pu accomplir son dessein, et ils allaient l’écharper, quand le chef leur dit :

— J’ai ordonné qu’on ne lui fasse aucun mal. Garrottez-le mieux. Celui qui l’avait si faiblement attaché sera, pour punition, privé du tiers de son butin.

Puis il ajouta, en se tournant vers son secrétaire et en assassinant un deuxième passager :

— Numéro 81 des Blancs !

Dubreuil n’en entendit pas davantage. Accablé par les émotions autant que par la lutte, il s’évanouit.

Quand il reprit connaissance, la nuit avait disparu et le soleil était déjà haut à l’horizon.

Adrien se trouvait toujours couché au pied du grand mât de la Mouette, mais sur lui on avait étendu quelques pelleteries pour le garantir de l’humidité de l’atmosphère.

Il avait le corps et l’esprit lourds ; la mémoire des événements auxquels il avait assisté lui échappait.

Peu à peu, cependant, il coordonna ses souvenirs et se rappela ce qui s’était passé la veille. Alors, il se mit sur son séant, roula autour de lui des yeux inquiets.

Toute trace du massacre et du désordre de la nuit précédente avait été effacée, à ce point que Dubreuil aurait pensé qu’il venait de faire un mauvais rêve, si la vue du sanguinaire chef des Apôtres, se promenant sur