Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/112

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sions qu’il avait reçues, Adrien s’abandonnait au sommeil, sans se préoccuper de son gardien qui furetait dans la cabine, avec l’espoir de trouver quelque liqueur, quand il lui sembla entendre gratter sous son maigre matelas.

D’abord il crut se tromper ; le bruit continuant, il l’attribua à un rat ; mais un son de voix étouffé ne tarda pas à frapper son oreille :

— Mar’chef ! mar’chef ! disait-on.

— Suis-je le jouet d’une illusion de mes sens ? pensa Dubreuil.

Et, cependant, s’étant assuré que la sentinelle ne l’observait pas, il releva furtivement, malgré les liens dont ses poignets étaient entourés, un coin de son matelas, au fond du cadre.

Aussitôt une main longue et décharnée parut entre les planchettes du châlit.

N’eût l’index de cette main été enserré par un large anneau de cuivre rouge autour duquel la peau comprimée faisait bourrelet, qu’à la dimension toute particulière des doigts, Adrien en aurait aussitôt reconnu l’heureux propriétaire et maître.

— C’est toi, Jacot ? dit-il très-bas.

— Moi-même, sans vous offenser, mar’chef, fut-il répondu vivement.

— Parle moins haut, reprit l’ingénieur tout ému, et en posant affectueusement ses mains dans celle de l’ex-dragon.