Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/118

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− Merci, mon cousin, tu as le poignet solide. Ça m’a dégrisé. Pose-moi un linge huilé sur les épaules, et demain il n’y paraîtra plus.

Pendant qu’André opérait le pansement, le Mangeux-d’Hommes s’avança vers Dubreuil, aussi indigné de la barbarie de cette scène que surpris de l’indifférence qu’y avaient apportée les spectateurs et jusqu’aux acteurs.

− Tu vois, jeune homme, lui dit Jésus, qu’ici la discipline ne plaisante pas. J’ai besoin de tes services, c’est à ce besoin que tu dois la vie. Donne-moi ta parole de ne pas chercher à t’évader, et je te rends la liberté de tes mouvements. Inutile d’ajouter que si tu enfreignais ton serment, tu signerais ton arrêt de mort.

Bien qu’il lui répugnât de prendre un engagement vis à vis du bandit, Adrien jugea prudent d’obéir. Ses liens furent tranchés, et Jésus l’invita à dîner avec sa bande.

L’ingénieur n’avait pas faim. Il eut, d’abord, l’intention de refuser. Une réflexion l’engagea à accepter, et il se mit à table au milieu des Apôtres.

Ceux-ci firent un repas copieux, sans pourtant boire autre chose que de l’eau, bien que le navire fût chargé de liqueurs fortes ; mais, en expédition, il leur était expressément défendu de goûter aux alcools. Et, malgré sa passion pour les stimulants, le Mangeux-d’Hommes s’astreignait alors à un régime aussi sévère que celui de ses gens.