Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/12

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Indiens du voisinage. C’est un lieu de rendez-vous annuel pour l’homme rouge et le trafiquant blanc, un point de départ pour les excursions aux vastes solitudes de l’Amérique septentrionale.

Bien défendu, bien garnisonné maintenant, le poste de la Pointe n’avait, en 1836, que quelques employés, facteurs, commis, trappeurs et engagés, pour la protéger contre la haine des Indiens et l’avidité des rôdeurs du désert, – hordes pillardes, composées de l’écume de la société civilisée et de la lie des races sauvages ou métis, mais qui, sans cesse, errent sur la frontière, dans le but de détrousser les chasseurs isolés et de ravager les établissements des colons assez téméraires pour affronter leur rapacité.

Malgré le petit nombre de ses habitants, le poste de la Pointe était, cependant, grassement approvisionné.

On disait que ses magasins renfermaient des fourrures pour plus de vingt mille dollars, des articles de pacotille pour une somme égale, et des liqueurs en abondance.

Ce bruit parvint jusqu’à un chef de bandits qui désolait les rives du lac Supérieur.

Le Mangeux-d’Hommes résolut de s’emparer de la factorerie et de s’y retrancher comme dans une citadelle.

Ce criminel dessein fut bientôt mis à exécution, mais non sans pertes pour le brigand, dont la troupe se trouva, après le coup fait, réduite à douze hommes.