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Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/13

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De là, l’idée de les baptiser les Douze Apôtres, du nom des îles dont ils étaient devenus maîtres.

Les Douze Apôtres commencèrent par faire bombance, sans s’inquiéter beaucoup de leur sûreté personnelle, car ils savaient que de longtemps on ne se hasarderait à les relancer dans leur repaire.

Pour varier les plaisirs, ils se livraient à de fréquentes incursions dans le voisinage, ruinaient les habitations des trappeurs, ravissaient les jeunes Indiennes, et poussaient l’insolence jusqu’à inquiéter les mineurs de la presqu’île Kiouinâ, où diverses sociétés industrielles avaient déjà entrepris l’extraction du minerai de cuivre sur une grande échelle.

Quand les misérables eurent gaspillé leur butin, ce fut pis encore. Ils osèrent s’attaquer aux autres factoreries, comme celle de Fond du Lac, et au printemps de 1837 ils interceptèrent la plupart des convois de pelleteries destinés soit aux compagnies américaines, soit même à celles de la baie d’Hudson, sur le territoire britannique.

Si grande que fût l’animosité générale contre les Douze Apôtres, plus grande était encore la terreur qu’ils inspiraient, — leur chef surtout.

La légende, active, féconde, dans ces régions sauvages, s’était saisie de lui. Elle en avait fait un être surnaturel, un dieu du mal.

Le Mangeux-d’Hommes se trouvait, d’ailleurs, parfaite-