Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/121

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Adrien, inquiet, plongea son bras sous le lit.

La place était vide.

— Mon Dieu ! pensa l’ingénieur, l’infortuné aurait-il été découvert !

S’élançant de son cadre, il s’habilla à la hâte, et voulut monter sur le pont pour essayer de savoir ce qu’était devenu Godailleur. Mais, par mégarde ou à dessein, on avait fermé l’écoutille.

Le cœur débordant de chagrin, Dubreuil se mit à se promener dans la cabine.

Il se livrait aux plus noires réflexions, lorsqu’une voix l’interpella :

— C’est pourtant vous, bourgeois, qui êtes cause de ce qui m’est arrivé !

Adrien se retourna et aperçut Thomas couché sur un grabat au bout de la pièce.

— Je ne vous comprends pas, dit-il.

— C’est pas difficile à comprendre. Si vous aviez accepté la gobe que je vous offrais, il y aurait eu moins à boire dans la négresse[1] ; s’il y avait eu moins à boire, j’aurais moins bu ; si j’avais moins bu, j’aurais été moins dans le lof ; si j’avais été moins dans le lof, notre capitaine ne se serait pas aperçu que j’avais caressé la bouteille ; s’il ne s’en était pas aperçu, je n’aurais pas été puni ; et si je n’avais pas été puni, je ne serais pas éten-

  1. Bouteille.