Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/14

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ment à son aise dans l’habit merveilleux dont on l’avait revêtu.

D’une taille qui approchait celle de son lieutenant, mais d’une corpulence démesurée, il était, toutefois, doué de proportions symétriques et d’un visage qu’on ne pouvait s’empêcher d’admirer, malgré sa grosseur énorme. Nulle ligne, dans ses membres, qui fût irrégulière ; nul trait, dans sa figure, qui ne fût d’une pureté antique. Si son air était dur, impérieux, le plus souvent il savait l’adoucir, l’empreindre de bienveillance, de tendresse, d’un charme infini, quand il le voulait.

Et sa voix ! une voix de Stentor, qui s’entendait à plus d’un mille, qui portait l’effroi partout où elle retentissait, cette voix il la rendait suave, harmonieuse, enchanteresse à ses heures d’amour. Elle émouvait les hommes, elle enivrait les femmes.

Une chose pourtant détonnait dans l’aspect de cet être superbe, ce roi-démon de l’humanité.

Son costume.

Costume rouge qui lui prêtait les dehors d’un bourreau, toque, plume, tunique de chasse, ceinture, culottes, bottes, tout était rouge, rouge comme le sang.

Ce qu’on racontait de lui, de ses prouesses, je dépenserais un volume à le redire.

Deux mots empruntés aux rapports des trappeurs suffiront pour donner une idée de ce qu’il valait à leurs yeux : d’un coup de poing il avait assommé un bison, il suivait