Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/156

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Dubreuil l’embrassa dans un regard si passionné que Meneh-Ouiakon rougit et détourna la tête.

— Mon frère a soif ; je vais lui donner à boire, dit-elle en se relevant.

Dans un coin de la salle, il y avait une outre en cuir de caribou et une écuelle de bois. Meneh-Ouiakon prit cette écuelle, y versa de l’eau contenue dans l’outre, et, tirant de sa poche deux morceaux de sucre d’érable, jaunes comme l’ambre, elle les frotta l’un contre l’autre au-dessus de l’écuelle. Il en tomba une poudre abondante qui, remuée et mélangée avec l’eau, produisit une boisson rafraîchissante et tonique tout à la fois.

Pendant cette opération, Adrien Dubreuil contemplait l’Indienne avec une tendresse qui ne pouvait guère laisser de doute sur la nature des sentiments que la jeune fille lui inspirait.

Elle revint vers lui, son vase à la main, s’agenouilla, passa avec précaution son bras sous la tête du jeune homme, la souleva tout doucement et approcha l’écuelle de sa bouche ardente.

Tableau saisissant, unique, que celui-là.

Pour le peindre, il eût fallu la palette d’un Herrera.

Voyez-vous cette grotte, mi-partie plongée dans une ombre rougeâtre, mi-partie flamboyante de clartés indécises, flottantes, qui font étinceler les murailles, la voussure et jusqu’au sol ; et puis, voyez-vous, là, dans la zone lumineuse, ces deux bustes gracieux, ces deux