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Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/155

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Malgré son bandeau, malgré la pâleur et l’altération de ses traits, on ne pouvait méconnaître cet homme.

C’était Adrien Dubreuil.

À la vue de Meneh-Ouiakon, un doux sourire erra sur les lèvres desséchées du malade.

— Je craignais, dit-il faiblement, que la vieille ne vous entendît pas frapper ; car elle est bien sourde.

— Elle m’a entendue, répondit l’Indienne. Mais, parle, mon frère : le feu qui brûlait tes veines commence-t-il à s’assoupir ?

— Oui, grâce à vous, noble fille, ma santé s’améliore.

Une lueur de satisfaction colora le visage de Meneh-Ouiakon.

— Mais, continua Dubreuil, approchez, ma sœur, je vous en prie. Donnez-moi votre main, que je la serre dans les miennes. Ce m’est, hélas ! le seul moyen de vous témoigner la reconnaissance qui déborde mon cœur…

— Ne parle pas de reconnaissance, dit l’Indienne d’un ton simple, charmant, la reconnaissance est une chose ignorée chez nous. Puisse-t-elle l’être toujours !

En prononçant ces mots, elle s’accroupit près d’Adrien, et reprit, après lui avoir tendu sa main que le jeune homme pressa avec effusion :

— Ta peau brûle encore ; tu as soif, mon frère.

— Ah ! je vous aime ! s’écria-t-il.

— Et moi aussi, je t’aime ! dit naïvement la séduisante Nadoessis.