Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/160

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— Mon frère voudrait-il me conter comment la chose arriva ?

— Je vous le dirai, fit le malade avec un effort pour surmonter son émotion.

Et il narra brièvement, sans forfanterie, les circonstances qui avaient accompagné sa rencontre avec le Bon-Chien au trou de l’Enfer.

Quand il eut terminé, Meneh-Ouiakon, qui l’avait écouté avec un intérêt marqué, lui dit :

— Toi que j’aimais bien, je t’aime mieux encore. Commande et je t’obéirai. Meneh-Ouiakon est ton esclave.

— Mais vous aimez aussi ce Sungush-Ouscta.

— Je l’aime dans l’étendue de mon cœur.

Un sourire amer plissa le visage de Dubreuil.

— Comment, dit-il avec ironie, les femmes de votre race ont-elles le cœur si large qu’il puisse contenir deux amours à la fois ?

— Oui.

— Vous vous moquez de moi ! s’écria-t-il en haussant les épaules.

— Quoi ! les femmes des visages pâles ne peuvent-elles aimer leurs enfants, leur mari ?…

— Mais Sungush-Ouscta n’est pas votre enfant ?

— Si tu ne m’avais pas interrompue, j’aurais ajouté : « leurs frères. »

— Sungush-Ouscta serait votre frère ?

— C’est mon osyaiman.