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Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/171

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d’Hommes avec menace, si par imprudence ou autrement tu me trahissais, la mort serait, de toute façon, ton châtiment.

— Je vous ai engagé mon honneur, ne craignez rien.

— Tu as dû remarquer, reprit froidement Judas, que notre chef s’abandonne avec excès aux liqueurs fortes. Les débauches ont affaibli ses facultés intellectuelles. Quoique une partie de nos gens tienne encore à lui, plusieurs l’ont en aversion. Ils me voudraient pour capitaine. Mais je suis las de cette vie vagabonde que je mène depuis tant d’années. Le désir de revoir ma patrie, la belle Irlande, l’île d’émeraude, s’est emparé de moi, et je n’attends qu’une occasion favorable pour la satisfaire. Cette occasion, toi seul ici peux me la fournir. Je connais, non loin du lieu que nous habitons, une mine d’or dont l’exploitation…

— Une mine d’or ! interrompit Dubreuil ; je doute que les terrains avoisinant le lac Supérieur recèlent des gisements aurifères.

— Tu en jugeras toi-même. Ce n’est pas une mine, mais une montagne d’or, oui une montagne d’or, par la vertueuse Shilagh, épouse du bienheureux saint Patrice[1] ! s’écria l’Irlandais d’un ton enthousiaste qui

  1. À cinq journées de Fond du Lac, sur le Supérieur, et au bord de la rivière Outonagon, il existait alors un énorme rocher de cuivre pur, que les coureurs des bois et les aventuriers du Nord-Ouest ont souvent pris pour de l’or.